Gleeden
: il est licite de s'affranchir de la loi !
Jeudi
dernier, la Justice a débouté les AFC de son procès contre Gleeden, site
"spécialisé" dans les rencontres extra-conjugales, aux motifs
principaux que :
- La
violation de l'obligation de fidélité ne constituerait pas
nécessairement une faute, car les époux peuvent s'en délier d'un
commun accord et le comportement de l'un excuser l'infidélité de
l'autre,
- dès
lors, seuls les époux pourraient se prévaloir d'un manquement à cette
obligation.
- L'infidélité
n'étant pas nécessairement une faute, il ne serait pas illicite d'en
faire la promotion.
En somme, l'exception fait la règle : le Tribunal donne toute force aux exceptions les
plus infimes - les adultères consentis - pour balayer la règle.
Ceci est d'autant plus regrettable que ces situations ne sont, à
l'évidence, pas celles qui sont visées par le site, qui joue allègrement
sur le registre du secret, du mensonge, des "astuces pour ne pas se
faire prendre".
Il est étrange de fonder un
raisonnement sur l'adultère en se fondant sur 1% d'entre eux qui seraient
consentis. Il n'est pas moins étrange de limiter au
conjoint qui, par hypothèse, est dans l'ignorance de l'adultère, la
possibilité de s'en plaindre et de réclamer le respect de la fidélité.
Les AFC rappellent qu'il existe
pour les couples de multiples formes d'union (Pacs, union
libre, mariage...). Personne n'a l'obligation de se marier. Pourquoi faire
le choix du mariage pour transgresser délibérément cet engagement ? A partir du moment où deux personnes choisissent
de souscrire librement au mariage, il est normal que la loi prohibe
l'incitation à la violation de cet engagement.
De fait, les AFC entendent
interroger la société tout entière sur cette question, qui n'est pas celle
de l'infidélité, mais celle du business de l'infidélité, de la promotion de
la duplicité.
Comment la justice qui, sauf exception, prononce le matin, un divorce pour
faute sur ce fondement pourrait-elle, le soir, dire qu'on a le droit de le
favoriser ? Comment un maire qui, tous les jours, rappelle l'article 212 du
code civil aux nouveaux époux, peut tolérer qu'à la sortie de la mairie,
une société privée les incite et les aide à s'en affranchir ?
Derrière la légèreté apparente du
commerce de Gleeden, il y a des drames personnels et un business sur lequel
chacun doit s'interroger. Les dégâts causés par
l'infidélité sur la stabilité des couples, le bien-être des enfants, le
lien social ne sont plus à prouver. Il n'est pas acceptable de les
sacrifier à des intérêts strictement mercantiles. On ne peut se résoudre à
ce que les exigences du commerce l'emportent sur la protection de la
famille.
C'est pourquoi les AFC ont décidé de faire appel de ce jugement.
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