Pie XII, allocution aux mères de familles
Étudiez l’enfant dans son jeune âge.
Si vous le connaissez bien, vous l’éduquerez bien : vous ne prendrez pas sa
nature à rebours, de travers ; vous saurez le comprendre, ne pas céder mal à
propos.
Éduquez l’intelligence de vos
enfants. Ne leur donnez pas des idées
fausses ni de fausses raisons des choses ; ne répondez pas à leurs questions,
quelles qu’elles soient, avec des badinages ou avec des affirmations menteuses,
auxquelles leur esprit se rend rarement ; mais profitez de ces interrogations
pour diriger et soutenir, avec patience et amour, leur esprit qui ne désire pas
autre chose que s’ouvrir à la possession de la vérité et apprendre à la
conquérir avec la marche encore naïve du premier raisonnement et de la
réflexion à leurs débuts. Qui saura jamais dire tout ce que tant de magnifiques
intelligences humaines doivent à ces lointaines et confiantes questions et
réponses de l’enfance, échangées au foyer domestique ?
Éduquez leur caractère : atténuez-en ou corrigez-en les défauts. Faites grandir,
cultivez les bonnes qualités, et rattachez-les à cette fermeté qui prélude à la
solidité des résolutions dans le cours de la vie. En grandissant, les enfants
qui sentent une volonté paternelle et maternelle bonne, dédaigneuse de violence
et de colère, constante et forte, exempte de faiblesse et d’incohérences,
apprendront de bonne heure à voir en elle l’interprète d’une volonté plus
haute, celle de Dieu, et de cette façon, inscriront et enracineront dans leur
âme ces premières puissances habituelles morales qui forment et soutiennent un
caractère, prompt à se dominer dans les incommodités et les contrariétés les
plus diverses, intrépide à ne reculer ni devant la lutte, ni en face du
sacrifice, pénétré d’un profond sentiment du devoir chrétien.
Éduquez leur cœur. Quels destins, quelles dépravations, quels périls préparent
trop souvent, dans le cœur des enfants qui grandissent, les admirations béates
et les louanges, les sollicitudes imprudentes, les fades condescendances de
parents aveuglés par un amour mal compris, qui habituent ces petits cœurs
volages à voir toute chose se mouvoir et graviter autour d’eux, se soumettre à
leurs volontés et à leurs caprices, et greffer ainsi en eux la racine d’un
égoïsme effréné, dont les parents eux-mêmes seront plus tard les premières
victimes !
Que de profondes et puissantes
capacités d’affection, de bonté et de dévouement, ou d’obéissance, dorment dans
le cœur du petit enfant ! Vous, ô mères, vous les éveillerez, les cultiverez,
les dirigerez, les élèverez vers ceux qui doivent les sanctifier, vers Jésus,
vers Marie.