vendredi 4 octobre 2019

Chantiers éducation


Aimer inconditionnellement

Prendre du temps pour aimer son enfant

Conférence « Comment aider nos enfants à développer leur personnalité » de Christine PONSARD (Extrait)
Mis à jour : 27 juin 2014

Autre mot clé, évidemment : amour : alors bien sûr, nous aimons nos enfants, mais le savent-ils ? La grande question, ce n’est pas d’aimer nos enfants, parce qu’à de rares exceptions près, tous les parents aiment leurs enfants, mais la difficulté, c’est de montrer à nos enfants que nous les aimons ; parce que du petit enfant qui pleure de manière inexpliquée, jusqu’à l’adolescent qui nous provoque, qui fait des fugues, se met à fumer des joints ou à faire des tas de bêtises, jusqu’au jeune adulte, jusqu’à l’adulte qui se montre désagréable ou provocateur, derrière tout cela, il y a toujours la même question : est-ce que tu m’aimes ? est-ce que tu m’aimes inconditionnellement ? Nos enfants ont toujours, et sans cesse, besoin d’être rassurés quant à l’amour que nous leur portons. Par exemple, quand un adolescent nous pousse à bout, c’est très souvent parce qu’il veut tester jusqu’où nous sommes capables de l’aimer : est-ce que même si je suis épouvantable, tu m’aimeras encore ?  
A chaque âge, les enfants ont besoin de voir, de sentir, avec leurs oreilles, avec leurs yeux, avec leur corps, que nous les aimons. Ils ont besoin de nous entendre dire que nous les aimons. Ils ont besoin que nous les touchions pour leur manifester des gestes d’affection, ils ont besoin que nous les embrassions…etc., …etc. L’auteur Dominique Megglé, -qui est psychiatre et qui est l’auteur d’un très beau livre « Être heureux en famille »-, dit très justement que les corps gardent la mémoire, la mémoire des gestes de tendresse. Et c’est très important à tous les âges, de manière adaptée selon les âges : il est évident qu’un père de famille n’aura pas les mêmes gestes de tendresse avec une petite fille de 2 ans et avec une adolescente de 15 ans ; n’empêche qu’à 15 ans aussi, on a besoin de gestes de tendresse, d’affection, on a besoin d’entendre dire : je t’aime ; on a besoin –même les adolescents qui sont très pudiques-, d’un geste : ça peut être une main sur l’épaule.
Ca peut parfois être, et souvent quand les enfants grandissent, par écrit ; quand vos enfants partent en vacances, profitez-en pour leur écrire ; parfois même, il n’y a aucune honte à s’écrire quand on habite sous le même toit, quand des choses difficiles ont besoin d’être dites ; il n’y a aucune honte à s’écrire. Il y a des enfants qui communiquent comme ça, quand ils en ont gros sur le cœur, et qu’ils ont du mal à dire certaines choses et qui communiquent par écrit. 
Tous les moyens sont bons, pourvu que les choses puissent se dire, pourvu qu’on puisse se dire : je t’aime, je te pardonne, je t’aime encore. Un petit truc : quand un enfant fait quelque chose qui nous déplait, très souvent bien sûr, ça sort plus vite que ce qu’on voudrait, un enfant ment = je n’aime pas les menteurs, on devrait dire : je t’aime trop pour accepter que tu sois un menteur, trop pour accepter que tu mentes ; je t’aime trop pour accepter que tu deviennes un petit garçon capricieux, je t’aime trop…dire toujours : je t’aime ; je n’aime pas le mensonge, mais toi je t’aime, et c’est pour ça que je ne peux pas accepter le mensonge dans ta bouche. Alors, bien sûr, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire ! 
Il y a aussi, et ça, c’est le Dr Ross Campbell qui le dit très bien dans son livre « Comment vraiment aimer votre enfant », que les enfants ont besoin de notre écoute, que nous les écoutions vraiment avec nos yeux ;vous savez bien, vous sentez bien lorsque vous parlez à quelqu’un, si cette personne vous écoute vraiment ou si elle vous écoute à moitié : c’est une manière très importante de montrer à nos enfants que nous les aimons, de leur donner du temps : pendant cinq minutes, eh bien tant pis, on laisse ce qu’on est en train de faire, et on regarde vraiment notre enfant, on l’écoute vraiment pour lui montrer qu’on est tout à lui. La première chose dont notre enfant a besoin, c’est ça, c’est notre amour, et donc que nous lui prouvions cet amour, que nous lui montrions. On a envie de dire : mais bien sûr que je t’aime, mais ça ne suffit pas ; il a tout le temps besoin d’être rassuré, parce qu’on lui donne du temps, parce qu’on l’écoute, parce qu’on lui donne des gestes d’affection et de tendresse. Tout ça, c’est important. 
Et c’est important dans une famille, que chaque enfant se sache aimé de manière unique. C’est important de trouver les moyens de donner du temps, de temps en temps, régulièrement à chaque enfant tout seul ; alors je pense à cette famille qui, à l’anniversaire de chaque enfant, invite l’enfant en question au restaurant, tout seul, sans ses frères et sœurs. Il y a des familles qui ont établi d’autres choses : il y a une famille qui m’a dit que, ils notaient sur leur agenda une soirée par mois par enfant ; donc, il y a une soirée qu’ils passent avec un enfant : ils dînent en tête en tête avec lui, ils font quelque chose avec lui. A chacun de trouver ; mais c’est très important que les enfants ne soient pas en tribu ; bien sûr, là aussi c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais comme c’est important ; d’autant plus que vous savez très bien que, dans une famille, il y a toujours les « grandes gueules » qui prennent beaucoup d’espace, il y a des enfants difficiles qui pompent notre énergie, et il y en a d’autres qui sont toujours en retrait. Donc chaque enfant a vraiment besoin de son papa et de sa maman pour lui tout seul. Autre petit truc que vous connaissez bien et qui est très précieux : c’est les trajets en voiture avec un enfant, parce que la voiture, c’est un lieu formidable de confidences, parce qu’on n’a pas à avoir de contenance, on peut détourner la conversation si elle devient trop sensible, en évoquant le feu rouge, ou la personne de devant qui conduit mal, si quelqu’un se met à pleurer on peut faire semblant de ne pas voir… enfin bon. Ca aussi c’est important de trouver des moments : quand on va faire des courses, pourquoi ne pas emmener de temps en temps un enfant tout seul, et pas toujours avec les autres.
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Questions

*sur la difficulté de ne pas comparer : j’ai deux petits garçons de 2ans1/2 et 3ans1/2 et je m’émerveillais que celui de 2ans1/2 courre vite, et aussitôt l’autre me dit : « oh, moi aussi, je cours vite… »
Il y a des enfants qui comparent toujours, d’autres qui comparent peu, et c’est vrai que c’est à nous de ne pas entretenir ça, en ne comparant pas, et en essayant de trouver des modes d’emploi vraiment uniques pour chaque enfant.
Et c’est très important d’insister là-dessus, en particulier auprès des enseignants, lorsqu’ils ont deux fois de suite des enfants de la même famille. J’ai moi-même enseigné, et je sais très bien que c’est la première tentation ; je me souviens des conseils de classe où on commençait toujours par dire : oh bien, François, il est quand même plus rapide que son frère Paul. On est toujours tenté de comparer, parce que c’est aussi une clé pour comprendre. Mais c’est vrai que c’est très important de ne pas comparer, très important.
Il faut toujours essayer de mettre en valeur autre chose : toi, regarde, tu sais faire telle chose, que ton frère fait différemment : leur montrer que c’est une richesse d’être différents, et de savoir faire des choses différentes.

*l’attention à donner à chacun, et en particulier à celui qui pose le moins de difficultés : dans le domaine des comparaisons, comment –au niveau du temps consacré et de l’attention à donner-, ne pas avoir tendance à donner une prime à celui qui pose problème, une prime à celui qui se tient mal ; certains enfants plus faciles sont sacrifiés, et d’autres, on aurait tendance à croire qu’ils cultivent leurs travers pour attirer l’attention…
Non seulement on aurait presque tendance à le croire, mais c’est vrai ! C’est vrai que les enfants difficiles sont des enfants qui ont besoin de beaucoup d’amour, beaucoup d’attention, et c’est la manière qu’ils ont d’attirer l’attention de leurs parents.
Le Dr Lemoine dit, à propos des disputes des enfants : quand les enfants se disputent, on y va pour séparer les combattants, et quand les enfants sont calmes, on est soulagé à l’idée de ne pas avoir à s’occuper d’eux. Et en fait, c’est le contraire qu’il faudrait faire : il faudrait aller les voir quand ils sont calmes, et les laisser entre eux quand ils se disputent, -sauf quand ils sont vraiment entrain de s’entretuer…-, parce que les disputes sont vraiment un moyen d’accaparer l’attention des parents. Les enfants difficiles sont souvent des enfants qui cherchent à accaparer l’attention des parents.