Aimer inconditionnellement
Prendre du temps
pour aimer son enfant
Conférence
« Comment aider nos enfants à développer leur personnalité » de
Christine PONSARD (Extrait)
Mis à jour : 27 juin 2014
Autre mot clé, évidemment : amour : alors bien sûr, nous aimons nos enfants, mais le
savent-ils ? La grande question, ce n’est pas d’aimer nos
enfants, parce qu’à de rares exceptions près, tous les parents aiment leurs
enfants, mais la difficulté, c’est de montrer à nos enfants que nous les
aimons ; parce que du petit enfant qui pleure de manière inexpliquée,
jusqu’à l’adolescent qui nous provoque, qui fait des fugues, se met à fumer des
joints ou à faire des tas de bêtises, jusqu’au jeune adulte, jusqu’à l’adulte
qui se montre désagréable ou provocateur, derrière tout cela, il y a toujours
la même question : est-ce que tu m’aimes ? est-ce que tu m’aimes inconditionnellement ? Nos
enfants ont toujours, et sans cesse, besoin d’être
rassurés quant à l’amour que nous leur portons. Par exemple,
quand un adolescent nous pousse à bout, c’est très souvent parce qu’il veut
tester jusqu’où nous sommes capables de l’aimer : est-ce que même si je
suis épouvantable, tu m’aimeras encore ?
A chaque âge, les enfants ont besoin de voir, de sentir, avec
leurs oreilles, avec leurs yeux, avec leur corps, que nous les aimons. Ils ont
besoin de nous entendre dire que nous les aimons. Ils
ont besoin que nous les touchions pour leur manifester des gestes d’affection,
ils ont besoin que nous les embrassions…etc., …etc. L’auteur Dominique Megglé,
-qui est psychiatre et qui est l’auteur d’un très beau livre « Être
heureux en famille »-, dit très justement que les corps gardent la
mémoire, la mémoire des gestes de tendresse. Et
c’est très important à tous les âges, de manière adaptée selon les âges :
il est évident qu’un père de famille n’aura pas les mêmes gestes de tendresse
avec une petite fille de 2 ans et avec une adolescente de 15 ans ;
n’empêche qu’à 15 ans aussi, on a besoin de gestes de tendresse, d’affection,
on a besoin d’entendre dire : je t’aime ; on a besoin –même les
adolescents qui sont très pudiques-, d’un geste : ça peut être une main sur
l’épaule.
Ca peut parfois être, et souvent quand les enfants
grandissent, par écrit ; quand vos
enfants partent en vacances, profitez-en pour leur écrire ; parfois même,
il n’y a aucune honte à s’écrire quand on habite sous le même toit, quand des
choses difficiles ont besoin d’être dites ; il n’y a aucune honte à
s’écrire. Il y a des enfants qui communiquent comme ça, quand ils en ont gros
sur le cœur, et qu’ils ont du mal à dire certaines choses et qui communiquent
par écrit.
Tous les moyens sont bons, pourvu que les choses puissent se
dire, pourvu qu’on puisse se dire : je t’aime, je te pardonne, je t’aime
encore. Un petit truc : quand un enfant fait quelque chose qui nous
déplait, très souvent bien sûr, ça sort plus vite que ce qu’on voudrait, un enfant
ment = je n’aime pas les menteurs, on devrait dire : je t’aime trop pour
accepter que tu sois un menteur, trop pour accepter que tu mentes ; je
t’aime trop pour accepter que tu deviennes un petit garçon capricieux, je
t’aime trop…dire toujours : je t’aime ;
je n’aime pas le mensonge, mais toi je t’aime, et c’est pour ça que je ne peux
pas accepter le mensonge dans ta bouche. Alors, bien sûr, c’est beaucoup plus
facile à dire qu’à faire !
Il y a aussi, et ça, c’est le Dr Ross Campbell qui le dit
très bien dans son livre « Comment vraiment aimer votre enfant », que
les enfants ont besoin de notre écoute, que
nous les écoutions vraiment avec nos yeux ;vous
savez bien, vous sentez bien lorsque vous parlez à quelqu’un, si cette personne
vous écoute vraiment ou si elle vous écoute à moitié : c’est une manière
très importante de montrer à nos enfants que nous les aimons, de leur donner du temps : pendant
cinq minutes, eh bien tant pis, on laisse ce qu’on est en train de faire, et on
regarde vraiment notre enfant,
on l’écoute vraiment pour lui montrer qu’on est tout à lui. La
première chose dont notre enfant a besoin, c’est ça, c’est notre amour, et donc
que nous lui prouvions cet amour, que nous lui montrions. On a envie de
dire : mais bien sûr que je t’aime, mais ça ne suffit pas ; il a tout
le temps besoin d’être rassuré, parce qu’on lui donne
du temps, parce qu’on l’écoute, parce qu’on lui donne des gestes d’affection et
de tendresse. Tout ça, c’est important.
Et c’est important dans une
famille, que chaque enfant se sache aimé de manière unique. C’est
important de trouver les moyens de donner du temps, de temps en temps,
régulièrement à chaque enfant tout seul ; alors je pense
à cette famille qui, à l’anniversaire de chaque enfant, invite l’enfant en
question au restaurant, tout seul, sans ses frères et sœurs. Il y a des
familles qui ont établi d’autres choses : il y a une famille qui m’a dit
que, ils notaient sur leur agenda une soirée par mois par enfant ; donc,
il y a une soirée qu’ils passent avec un enfant : ils dînent en tête en
tête avec lui, ils font quelque chose avec lui. A chacun de trouver ; mais
c’est très important que les enfants ne soient pas en tribu ;
bien sûr, là aussi c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais comme c’est
important ; d’autant plus que vous savez très bien que, dans une famille,
il y a toujours les « grandes gueules » qui prennent beaucoup
d’espace, il y a des enfants difficiles qui pompent notre énergie, et il y en a
d’autres qui sont toujours en retrait. Donc chaque enfant a vraiment besoin de
son papa et de sa maman pour lui tout seul. Autre petit truc que vous
connaissez bien et qui est très précieux : c’est les trajets en voiture
avec un enfant, parce que la voiture, c’est un lieu formidable de confidences,
parce qu’on n’a pas à avoir de contenance, on peut détourner la conversation si
elle devient trop sensible, en évoquant le feu rouge, ou la personne de devant
qui conduit mal, si quelqu’un se met à pleurer on peut faire semblant de ne pas
voir… enfin bon. Ca aussi c’est important de trouver des moments :
quand on va faire des courses, pourquoi ne pas emmener de temps en
temps un enfant tout seul, et pas toujours avec les autres.
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Questions
*sur la difficulté de ne pas
comparer : j’ai deux petits garçons de
2ans1/2 et 3ans1/2 et je m’émerveillais que celui de 2ans1/2 courre vite, et
aussitôt l’autre me dit : « oh, moi aussi, je cours vite… »
Il y a des enfants qui comparent toujours, d’autres qui
comparent peu, et c’est vrai que c’est à nous de ne pas entretenir ça, en ne
comparant pas, et en essayant de trouver des modes d’emploi
vraiment uniques pour chaque enfant.
Et c’est très important d’insister là-dessus, en particulier
auprès des enseignants, lorsqu’ils ont
deux fois de suite des enfants de la même famille. J’ai moi-même enseigné, et
je sais très bien que c’est la première tentation ; je me souviens des
conseils de classe où on commençait toujours par dire : oh bien, François,
il est quand même plus rapide que son frère Paul. On est toujours tenté de
comparer, parce que c’est aussi une clé pour comprendre. Mais c’est vrai que
c’est très important de ne pas comparer, très important.
Il faut toujours essayer de mettre
en valeur autre chose : toi, regarde, tu sais faire telle
chose, que ton frère fait différemment : leur montrer que c’est une
richesse d’être différents, et
de savoir faire des choses différentes.
*l’attention à donner à
chacun, et en particulier à celui qui
pose le moins de difficultés : dans le domaine des comparaisons, comment
–au niveau du temps consacré et de l’attention à donner-, ne pas avoir tendance
à donner une prime à celui qui pose problème, une prime à celui qui se tient
mal ; certains enfants plus faciles sont sacrifiés, et d’autres, on aurait
tendance à croire qu’ils cultivent leurs travers pour attirer l’attention…
Non seulement on aurait presque tendance à le croire, mais
c’est vrai ! C’est vrai que les enfants difficiles sont des enfants qui ont besoin de beaucoup d’amour, beaucoup
d’attention, et c’est la manière qu’ils ont d’attirer l’attention de leurs
parents.
Le Dr Lemoine dit, à propos des disputes des
enfants : quand les enfants se disputent, on y va pour séparer les
combattants, et quand les enfants sont calmes, on est soulagé à l’idée de ne
pas avoir à s’occuper d’eux. Et en fait, c’est le contraire qu’il faudrait
faire : il faudrait aller les voir quand ils sont calmes, et les laisser
entre eux quand ils se disputent, -sauf quand ils sont vraiment entrain de
s’entretuer…-, parce que les disputes sont vraiment un moyen d’accaparer
l’attention des parents. Les enfants difficiles sont souvent des
enfants qui cherchent à accaparer l’attention des parents.